Du haut de ses années d’expérience, l’artiste à la verve raisonnante, SMARTY coule encore l’encre pour noircir des papiers de ses pensées les plus profondes. Le rappeur burkinabè qui a entamé une carrière en groupe sous le nom de YELEEN avec hargne a su bâtir une renommée qui le distingue chez lui et hors de son pays. En 2012, il nous sublima de son premier album Afrikan Kouleurs sur des rythmes africains et titres évocateurs.
Aujourd’hui, à quelques mois de la sortie de son second opus après neuf ans d’absence, il fait raisonner, dans les enceintes de RATURE, des réponses dignes de sa carrure et de sa carrière aux questions que nous lui avons posées.
Lisez SMARTY sur Rature !

Je ne fais pas de la contestation, mais de la musique de développement. Ma musique est faite de plusieurs couleurs. De joie, de peine… J’ai voulu faire la musique pour défendre les causes tout en restant dans le respect de la personne que je critique.
SMARTY
- Le monde musical t’a connu avec des débuts en groupe. YELEEN que tu formais avec ton second Manwdoé, vous aviez fait un énorme parcours. Quel a été l’apport de ce tandem dans ta carrière solo ?
Avec Yeelen, on a fait le tour du monde et quand tu pars en solo, tu ne peux pas jeter ça. cette histoire fait partie de ta vie et va porter la suite de ton aventure. Ç’a apporté en expériences, en contacts, en vision, en apprentissage. Ce fut comme une école de vie pour moi.
2) Comment se porte Odyssée à quelques mois, si on n’abuse pas de sa sortie ?
Dans sa préparation, j’ai donné le meilleur de moi-même. L’appréciation revient au public. C’est un défi pour moi et j’espère que ça plaira.
3) À quoi devons-nous nous attendre de votre deuxième album solo ? Quels seraient ces traits de différence par rapport à Afrikan Kouleurs ?
A la différence d’afrikan kouleurs qui était un brassage entre les rythmes traditionnels, et le monde urbain, cette fois, j’ai fait carrément un album d’influence urbaine. Je suis allé sur les bases de la création urbaine. J’ai pris un peu de mon expérience ajoutée à ce qui se fait aujourd’hui. La jeune équipe qui m’entoure m’envoie de fraicheurs nouvelles. Sur cet album, il y aura beaucoup plus de choses urbaines que sur l’album précédent.
4) R.A.P, votre dernier projet délie encore beaucoup de langues chez vous au Burkina et même dans la sous-région. Pourquoi un tel morceau comme annonce de votre prochain album ?
Un tel morceau pour se vider soi-même. Tout ce que j’ai peint dans RAP, c’est tout ce qui est derrière moi. RAP c’est juste un bilan et c’est un message que j’ai voulu lancer pour dire de ne jamais s’arrêter Quelles que soient les difficultés. Il faut être le pilote de son propre bateau. Si vous vous arrêtez, tout s’arrête autour de vous.
5) En tant qu’artiste et comme vous le dites dans votre morceau RAP, comment vous avez réussi à rebondir après le boycott que vous avez subi ?
Pour rebondir d’un boycott, il faut essayer de faire avec et se dire que quelques personnes n’ont pas le monopole de l’appréciation de l’exposition musicale. On fait confiance, à son public, on essaie d’être soi-même notre communicateur et on fait confiance à ceux qui sont engagés à notre côté. Sans boycott, le gout de la victoire est fade.
6) Aujourd’hui, vous faites de nouveau l’actualité et vous avez déjà retenu une date pour votre concert au Burkina Faso, quelle expérience partagerez-vous avec votre public ?
Je vais partager une nouvelle expérience avec le public. Je suis arrivé à un âge où il faut construire et mettre les jeunes à la lumière. On est aussi dans la recherche de la satisfaction humaine. Il faut que l’art ne serve pas juste à remplir les poches, mais aussi à passer des messages et à impacter notre environnement immédiat.
7) Du prix « découvertes » RFI au statut d’artiste engagé, peut-on affirmer aujourd’hui que SMARTY est au sommet de son art ?
Je ne saurai dire si je suis au sommet de mon art. Je n’ai jamais fait ma musique pour être numéro 1. J’utilise ma musique pour transmettre des choses utiles à nous.
8) Pourquoi le choix d’un Rap contestataire au détriment d’une musique divertissante ?
Je ne fais pas de la contestation, mais de la musique de développement. Ma musique est faite de plusieurs couleurs, de joie, de peine… J’ai voulu faire la musique pour défendre les causes tout en restant dans le respect de la personne que je critique.
9) Quelle lecture faites-vous de l’industrie d’aujourd’hui, en l’occurrence celle francophone.
La lecture que je fais de l’industrie musicale francophone, elle est en évolution, certainement pas comme le côté anglophone, mais on est en pleine évolution. On a la diaspora qui cartonne fort, les artistes d’ici qui cartonnent aussi. La musique Afrique francophone aura son mot à dire dans les cinq prochaines années !
10) Votre avis sur l’émergence des majors en Afrique ? Selon vous, avantagent-elles les artistes africains ou c’est plutôt le contraire ?
Les maisons de disque en Afrique sont là et elles jouent le rôle de producteur et de distributeur. C’est positif pour la musique. Le choix appartient aux artistes de s’engager ou pas.
11) YELEEN ; selon vous, qu’est-ce qui a manqué au groupe pour perdurer dans le temps comme Magic System par exemple et quel conseil donneriez-vous aux plus jeunes pour ne pas commettre les mêmes erreurs que vous ?
ce qui a manqué à Yeleen, c’est beaucoup de maturité.
12) Magic System vous a fait appel sur leur album Envolée zougloutique, racontez-nous comment a été cette expérience ?
Bosser avec Magic System, c’est positif. C’est un featuring de fraternité. Malgré leur expérience, ils ont été assez humble, ils m’ont écouté quand j’apportais les choses. C’est bénéfique pour moi et ça reste une bonne exposition pour moi.
13) Un message de SMARTY à l’endroit de votre fanbase !?
Le message à ces anonymes qui nous envoient de la force, je leur souhaite beaucoup de santé parce que, quand ça va chez eux, ça va chez nous.